sur ta brillante épaule
J'écris pour les étoiles
parce qu'elles savent mourir
en éclairant d'écume les herbes sèches sous le vent,
refléter les nuées de cornes noires
séparés du tranchant inquiet d'un fil de métal blanc.
Les trois points alignés d'Orion,
pensée suspendue,
aussi disparaitront.
Comme s'effacera son baudrier défait
vide de son épée,
lambeau flottant dans le silence.
J'écris la clarté sombre des sons assourdis
qui convoquent l'absence,
le souvenir d'un arc,
d'une marche en avant.
J'écris pour les étoiles
qui fécondent la terre.
J'écris l'insigne souci
d'une étoile qui fut à mes côtés,
la compagne sublime
des migrations forcées,
des exils tapageurs
et des bagnes cyniques.
Celle qui contemple
les entrées triomphales
dans les lieux inconnus.
Lorsque je la quittais
la terre me confiait
le fardeau d'une énigme,
un instrument de bois
appuyé sur ma nuque
qui ralentissait mon pas
Qui me dira les mots pour disperser enfin
les restes du passé ?
Reprendre le chemin
vers l'horizon bleuté,
les essences étranges,
les lichens dentelés,
les barbaries ailées,
les cheveux sans rubans...
Que portes-tu sur ta brillante épaule ?
Rien.
Rien que les cendres étoilées,
éparses sur la peau,
un souvenir d'enfance,
un songe,
un oubli.
Jean-Yves Tayac