un parfum d'immortelle
On voit loin sur la peau de la mer.
Découpés par le fil bleuté de ses nuances entrelacées,
ses contours se livrent à celui qui arrive
encore étranger
dans la lassitude du chemin parcouru.
La distance qui reste pour y poser le pied
s'estompe désormais.
L'albatros
dans l'ivresse immobile de ses ailes ouvertes,
compas de clair métal
scrute l'instant promis, l'implacable raison,
instant inévitable où le bois du navire
se brisera dans sa rencontre au rivage pétri
par des millions d'années de flux et de reflux.
Cet instant incertain que l'oeil blanchi d'un nauragé impose.
Tu disais : "il faut lâcher prise pour atteindre son but".
Roue libre
liens rompus
renoncements.
Ce qui est dur caresse le rocher.
Ce qui tranche offre sa paume lisse.
Les clameurs de l'assaut s'effacent,
des mots enroués de douceur les remplacent,
des chants de l'Italie pour appeler les songes
et l'immortalité des assoupissements
profonds et lumineux.
Passeront les étreintes,
les lèvres frémissantes,
les semblants de morsures
et l'oubli du réel.
Planera seulement dans les replis de l'île
un parfum d'herbe séche
d'olive
et de citron.